La ville en littérature

Qu'elle soit source d'enrichissement, de liberté, d'opportunités, ou bien qu'elle devienne au fil des siècles un univers froid, hostile et violent, la ville se décline dans tous les genres littéraires. En effet, comment concevoir un roman policier sans elle ? N'accompagne-t-elle pas le roman historique à travers les siècles et les continents ? N'était-elle pas au centre des œuvres futuristes ? Enfin, n'a-t-elle pas obtenu ses lettres de noblesse dans l'univers graphique de la BD ?
De la tour de Babel aux Mégalopoles de notre siècle, toile de fond ou protagoniste du récit, qu'on l'encense de notions de progrès ou qu'elle soit la mère de toutes les débauches, elle ne laisse jamais indifférent. Protéiforme, dynamique, fascinant, l'univers urbain envoûte. Il n'a cessé d'être une source d'inspiration pour les écrivains et les artistes.
Ce dossier n'a pas la prétention de cerner la richesse et la complexité de la littérature urbaine, loin s'en faut, juste de donner à voir, de donner à lire...

Auteur : Nadine Puig
E-mail : nadine.puig@ouestprovence.fr
Publication : Septembre 2013
Mise à jour : Mai 2017

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Dire la ville

L'œuvre de fiction est un miroir de la société, elle accompagne l'homme et son milieu de vie à travers le temps et l'espace. C'est ainsi que le paysage urbain est devenu un élément récurent du roman, comme le démontrent de multiples études. Partons pour un voyage littéraire en Europe. De nombreuses villes sont intimement liées à un ou des romans. Si cet engouement n'est pas d'aujourd'hui, il ne se dément pas. Paris, est de ces villes incontournables, que ce soit dans les ouvrages d'Emile Zola, d'Honoré de Balzac bien évidemment, de Victor Hugo et bien d'autres. Force est de constater l'attirance de la capitale pour les hommes de lettres. Cependant, certains s'en plaignent, Nicolas Boileau par exemple !!!
De Charles Dickens à Jonathan Coe ; Londres se décline à travers ses écrivains. La ville de Dublin a inspiré de nombreux écrivains, par son histoire, sa culture ou ses gens. Si Lisbonne nous est contée par Pessoa, Naples reste un sujet inépuisable. Pendant qu'Athènes vit dans la tourmente, Barcelone séduit, Berlin se découvre. Cependant, l'Europe n'est pas la seule source d'inspiration. Les villes orientales comme Istanbul ou Le Caire, ainsi que les villes asiatiques : Tokyo, Bombay sans oublier les métropoles américaines, hantent de nombreux auteurs. New York demeure la ville emblématique, un lieu d'inspiration pour plusieurs générations d'écrivains : Dos Passos, plus près de nous Paul Auster et bien d'autres encore. Buenos Aires est riche d'une nouvelle génération d'écrivains, Carlos Fuentes nous ouvre les portes de sa ville : Mexico. Quant à Juan Gabriel Vàsquez, il nous transporte dans une Bogota à la fois enivrante et dangereuse.

 

Roman Policier

Il est loin le temps où, comme dans la plupart des romans d'Agatha Christie, l'énigme avait pour cadre un environnement champêtre et de magnifiques demeures appartenant à la bourgeoisie. Aujourd'hui, le roman policier est urbain ou n'est pas...et bien souvent, l'auteur délaisse les quartiers chics, pour une géographie urbaine périphérique. C'est ainsi que les quartiers deviennent le décor approprié pour situer les intrigues et autres meurtres sanguinaires. Les mégapoles étrangères n'échappent pas à ce phénomène, les villes de NY, Bombay, Shanghai sont le théâtre privilégié du crime. L'Amérique latine a aussi ses lettres noires, mettant en évidence le côté obscur des grandes villes latines comme par exemple : Santiago du Chili. Depuis quelques années, les auteurs africains proposent quelques titres dont l'intrique se situe dans les villes tentaculaires du continent africain ou bien dans les banlieues de nos cités occidentales. Un autre moyen de découvrir une ville, c'est de voyager dans le temps, en compagnie de Nicolas Le Floch dans les ruelles mal odorantes de Paris, ou de Jean Contrucci dans la cité marseillaise. Mais, quand on parle de Marseille, comment ne pas citer Jean-Claude Izzo et sa célèbre trilogie ?

 

Roman d'Anticipation

Thème incontournable de la littérature de l'imaginaire, la ville reflète la structure de la société. De la mégapole régie par un pouvoir totalitaire , à la cité dévastée, les auteurs se projettent sans cesse dans un avenir rarement serein. Jules Verne imagine la cité idéale tandis que quelques années plus tard, George Orwell nous met en garde contre les dérives du « tout sécuritaire ». En 1954, Asimov décrit un monde dualiste où tentent de cohabiter » Spacetown » et les cavernes d'acier.
Si John brunner nous conduit dans une ville d'Amérique latine en prise à des conflits, Silverberg, quant à lui, nous fait découvrir le monde des conurbations.
Le terme de cyberspace apparait en 1984 sous la plume de William Gibson dans son roman Neuromancien, Frederik Pohl publie les annales de la cité dans un New-York confronté à de sérieux problèmes...Dix ans plus tard, la cité des permutants, de Greg Egan, nous convie dans une ville où la vie éternelle semblerait enfin possible...bien que..dans le roman de Grégoire Hervier, récemment édité, point de vie éternelle, mais le retour de Big Brother !!!!
La liste est encore bien longue, citons Italo Calvino qui rêve des villes, les villes imaginaires de l'univers de Stephen King et la ville fantastique, chère à Borges, alors la ville, une utopie ?

 

La ville en dessins et en bulles

La rencontre de la Bande dessinée et de l'architecture ne pouvait que se produire, tant il y a de connivences entre les deux domaines. Ils en ont tous rêvés !!
Du monde enchanteur de Mac Kay dans Little Nemo à la trilogie de Eisner, en passant par l'univers graphique surprenant de Peter Kuper, la ville verticale n'a eu de cesse de stimuler l'imagination des auteurs de BD. Mais N.Y. n'est pas la seule ville à avoir inspiré les dessinateurs. Guy Delisle pose un regard de reporter sur la ville de Jérusalem. Prague du début du XXe est décrite avec minutie par Victor Sackville. Pendant que Marseille se dévoile grâce aux enquêtes de Léo Loden, Paris flirte depuis longtemps avec la BD. Mais La BD permet aussi de rendre compte de l'histoire et de la misère comme dans cette ville dans la ville.
D'autres créent des univers urbains. Celui de Enki Bilal s'inscrit dans un monde violent directement lié à son enfance. J.C. Mezières, le père de Valérian, est le créateur des splendides décors du film le « Cinquième élément » de Luc Besson. Quant à F. Schuiten et Benoît Peeters, ils nous invitent sur un continent parallèle, tandis que Moebius ouvre notre imaginaire sur les futures métropoles.. Lorsque l'univers de la BD rencontre celui de l'architecture... voilà le résultat : Archibd. L'univers du manga n'est pas en reste, ce style graphique s'inspire largement du milieu urbain, comme le montre cette exposition .

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