Le théâtre populaire


La Première Guerre mondiale s'achève. L'élan est à la reconstruction, l'effervescence politique et l'énergie culturelle qui l'accompagnent permettent la naissance de nouvelles formes artistiques, notamment théâtrales. Dans ce contexte inédit les artistes s'engagent politiquement et veulent que leur art porte cet engagement au plus prés du peuple. Le théatre populaire, puis ouvrier, sont nés de cette volonté. Ce sera au coeur de la cité et au sein des luttes ouvrières que se formeront les liens tenus entre cette jeune forme théâtrale et le peuple.

Le théâtre populaire aura ses grands noms, ses figures illustres et ses grandes institutions. Aujourd'hui encore elles résonnent à nos oreilles. Tirons le rideau ..

Auteur : Patrick Leny
E-mail : patrick.leny@ouestprovence.fr
Publication : Septembre 2015
Mise à jour : Décembre 2017

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 Les débuts d'un théâtre populaire

L'idée et la définition du théâtre populaire furent données par l'acteur et metteur en scène Firmin Gémier. Sa volonté était d'offrir au peuple, à ceux qui ne fréquentent pas les grandes salles de théâtre parisiennes, de beaux spectacles, émouvants et artistiques. Passant de la parole aux actes, il créé en 1911 un théâtre national ambulant, puis en 1920 le Théâtre National Populaire ou TNP.
A ces débuts cette proposition théâtrale ne concerne pas la création artistique, mais se présente plutôt comme une compilation de spectacles "clef en main" orientés vers un très large public.
A la mort de Firmin Gemier en 1933 le TNP entrera en sommeil, jusqu'en 1951 ... 
 

 
Le théâtre ouvrier ou l'intervention politique

En 1928 une des troupes de théâtre se réclame du parti communiste : le Groupe Choc Prémices. Se définissant elle-même comme troupe d' « intervention politique » elle se caractérise par ses commentaires à chaud de l'actualité politique, sociale, internationale. Cette troupe devient en 1932 avec Raymond Bussières et Jacques Prévert le Groupe octobre. Leurs scènes sont alors la rue et les usines en grève. L'idée est qu'il faut favoriser l'émergence d'un théâtre du peuple face à un théâtre bourgeois. Militants, ils vont inventer un véritable théâtre d'agit-prop, généreux, collectif et intense, qui se nourrit des arts de la rue.

En raison de difficultés financières et de divergences politiques la troupe est dissoute après la victoire du Front Populaire. Mais Raymond Bussières, Jean-Louis Barrault, Roger Blin, Mouloudji, entre autres, ont porté et animé avec force cette belle aventure militante et théâtrale.

Le Front Populaire

L'arrivée au gouvernement du Front Populaire en 1936 et les nombreux mouvements ouvriers qui l'accompagnent vont donner un élan et un souffle nouveau à ce rêve de culture militante. Des liens se nouent entre le peuple, le théâtre et de nombreuses associations d'éducation nouvelle et populaire : fédération d'œuvres laïques, théâtre du peuple, cinéma militant, association populaire des amis des musées, auberges de jeunesse. Pour les ouvriers du Front Populaire c'est la découverte du temps libre, et de la culture accessible à tous.

Jean Vilar et la décentralisation théatrale. La renaissance du TNP

En 1946 la première politique étatique affirmée pour décentraliser et redynamiser la création théâtrale voit le jour. Elle s'appuie sur le réseau de l'éducation populaire, et des metteurs en scène comme Dullin, Clavé, Louis Jouvet et Jean Vilar. C'est sous la houlette de ce dernier qu'est créé en 1947 le Festival D'Avignon.
Lorsqu'en 1951 Jean Vilar prend la direction du nouveau TNP, il l'associe au Festival d'Avignon. Sous sa tutelle exigeante le TNP va alors conjuguer modernité, rigueur esthétique et théâtrale. Il favorise la rencontre des acteurs et des textes. Des comédiens de talent, animés par une même idée forte et entière de leur métier, participent à cette aventure. Ce seront les inoubliables Gérard Philipe, Maria Casarès, Michel Bouquet, Jeanne Moreau, Daniel Sorano, Sylvia Monfort, ....
Le TNP devient alors le symbole du renouveau du théâtre français. Les comités d'entreprise, les étudiants, l'association Les Amis du théâtre populaire et la revue Bref, vont être les éléments moteurs et essentiels 'une politique de communication moderne et novatrice mise en place par Jean Vilar afin de fidéliser les publics.

L'héritage de Vilar

Jean Vilar quittera le TNP en 1963. Tous ses successeurs, de Georges Wilson à Roger Planchon en passant par Georges Lavaudant et Christian Schiaretti vont être fidèles à son engagement pour la démocratisation de l'accès à la culture qu’'il considérait comme un service public. Ils poursuivront la lecture de grands textes, l'ouverture au répertoire contemporain et les missions d'enseignement. La création du Label Scène nationale en 1990 par Bernard Faivre D'Arcier et la création de 70 Scènes Nationales sur tout le territoire ont concrétisé et renforcé cette idée visionnaire et la volonté portée par Jean Vilar : s'adresser au plus grand nombre et mettre le public au cœur du théâtre.

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