La Paghjella


La forme d'un chant traditionnel, sa manière de le transmettre, donnent souvent plus d'informations qu'un guide de voyage sur un pays et ses habitants. Si les polyphonies pygmées nous permettent de dire que leur structure sociétale est très démocratique, la polyphonie corse, et plus particulièrement la Paghjella, nous disent combien la solidarité et l'autonomie sont des valeurs fortes pour ces iliens. Véritable véhicule identitaire, le chant a toujours occupé une grande place dans la culture corse. Pour ce peuple de tradition orale, le chant rythme tous les évènements de la vie quotidienne : le travail, l'exil, la mort, l'amour, l'attachement à la terre corse.
Ce dossier va être l'occasion de découvrir les origines, le sens et les artistes qui façonnent ce chant patrimonial.

Auteur : Michèle Marcellin
E-mail : michele.marcellin@ampmetropole.fr
Date : mars 2017 

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LE CHANT DES EMOTIONS

Dans ce que l'on nomme la musique savante (musique écrite et construite) le chanteur exprime ses émotions par le timbre de sa voix, sa rondeur, sa puissance ou sa douceur. Cependant il ne lui est pas permis de changer la partition du compositeur, on parlera d'une plus ou moins belle interprétation d'une œuvre.
Dans le chant traditionnel, et tout particulièrement le chant corse, on entre dans le domaine de la musique dite fonctionnelle, c'est à dire une expression pure des émotions qui se manifestent lors des différents moments de notre quotidien : il s'agit de chanter sa joie lors d'un événement heureux, sa tristesse lorsqu'on vit un drame, sa fatigue lors d'un travail pénible. Chaque être humain exprimant ses émotions de manière unique, selon sa culture, ses expériences propres, on aura autant d'interprétations d'un même chant que d'interprètes.

L'HISTOIRE

Les origines du chant corse restent obscures, certains musicologues défendent la thèse d'une origine religieuse correspondant à un héritage franciscain , d'autres plaident pour une origine païenne : le chant comme rituel vibrant propre à chaque confrérie de chaque village.
La forme polyphonique sacrée ou profane des chants est restée longtemps confidentielle, voire secrète. Sa rugosité, ses archaïsmes vocaux transmis de père en fils ont failli disparaître au début du XXème siècle, après la grande guerre.

UNE MUSIQUE PATRIMONIALE

On doit à Felix Quilici, ethnomusicologue, les premières codifications des polyphonies. Il a collecté dans différentes régions et auprès de nombreuses familles, des polyphonies sacrées et profanes à trois voix.
Depuis les années 80 des groupes comme A filetta, …. ont permis à la polyphonie de gagner d'autres horizons et de s'enrichir de nouvelles notes.
Depuis 2009 la Paghjella est entrée au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO

LA STRUCTURE DE LA PAGHJELLA

Chanter une Paghjella est tout aussi difficile que de conduire une équipe de rugby à la victoire : il faut connaître les règles, définir les positions de chacun, insuffler l'esprit d'équipe, coacher chacun de ses membres et les laisser jouer....
Le chœur est constitué de 3 voix qui peuvent être doublées ou triplées dans chaque tessiture. Chacune d'elles entre dans le chant de façon quasi immuable :
- La seconda est la voix qui donne la tonalité, mène le chant, le « projette ». Elle régule le souffle et la synchronisation par le rythme qu'elle va impulser au chant. C'est le leadership!
- L'U bassu rejoint et soutient par ses basses la secunda, elle « tapisse » le chant. Cette voix se met rarement en avant, elle travaille plus sur la justesse et la profondeur du chant.
- La terza intervient en dernier pour ornementer sur la mélodie de la sicunda, par des melismes « e riccucate » elle colore et élève le chant. Elle a cette agilité pour monter dans les aigus, comme la chèvre qui grimpe dans le maquis....
Chacune d'elles tient sa place et s'articule avec les autres selon une forme qui permet à la fois l'écoute réciproque et l'engagement du corps et du souffle. Extrêmement codifiée, la Pajhella reste avant tout un chant dédié à la poésie du texte et à la sensualité du chant.

 

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Fervent acteur dans le riacquistu, JP Poletti compose et chante. Il crée une école de chant à Sartène devenue Centre d'art polyphonique, ce chœur d'hommes fait revivre les chants franciscains à 3 ou 4 voix.

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Groupe fondé en 1978, A Filetta reste un des groupes phare de la polyphonie corse. Outre les très belles interprétations de chants traditionnels, il y a aussi des créations contemporaines tout aussi exceptionnelles.

Pour en savoir plus
Pour les écouter

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Chanter pour elle c'est vital ! Et elle rend chaque chant vivant et vibrant. Depuis de nombreuses années, elle transmet ces chants à qui veut bien les découvrir en toute simplicité et avec passion, jusqu'au Japon !

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La Paghjella n'est pas réservée aux hommes voilà 3 femmes qui depuis 1989 font sonner la polyphonie avec brio.
Elles ont un facebook

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