Vous les femmes ! Quelques personnages féminins dans le roman contemporain français

 

Personnage récurrent de la littérature française depuis Madame Bovary, la femme n'est pas pour autant uniforme. Bien au contraire, figure emblématique assujettie au temps, elle est un miroir de notre société. De la maternité à la femme au travail, la femme ainsi écrite est multiple, colorée, amoureuse, soumise ou perverse, parfois ambiguë ou courageuse. N'oublions pas les notions du corps et du vieillissement qui sont eux aussi, intimement liés à l'époque et à la culture.
Vaste sujet donc que ce dossier vous propose de parcourir en synthèse.

Auteur : Nadine Puig
E-mail : nadine.puig@ouestprovence.fr
Publication : Mars 2015
Mise à jour ;  Avril 2017

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La femme et la maternité

Dans son dernier livre « Eux », Claire Castillon, enceinte, décrit un univers clos, tandis que Capucine Ruat, parle à l'enfant à naître, dans son livre "J'attends" . L'annonce d'une grossesse peut être déstabilisante, c'est le thème du livre de Camille Anseaume : "Tout petit rien" . Quand l'enfant ne peut être accueilli, Valentine Goby nous rappelle les tragédies liées aux avortements clandestins.
L'arrivée de bébé n'est pas de tout repos, Marie Darrieussecq nous plonge dans les couches et autres réjouissances ! C'est aussi l'amer constat d'Eliette Abecassis dans Un heureux évènement.
Jeux croisés de Marie Sizun nous livre le destin croisé d'une jeune maman et d'une femme sans enfant. Il arrive aussi que la jeune maman choisisse l'abandon, suivons Karine Reysset... Camille Laurens et Laure Adler témoignent de la souffrance face à la perte d'un enfant.
Parfois, l'on devient mère en adoptant : deux récits, celui de Elisabeth Quin et celui de Antoine Wauters, se croisent. Enfin, citons Naissances de Pierre Péju. Et l'enfant grandit... Carole Martinez évoque dans son roman « la mère courage » . Romain Gary décrit dans La promesse de l'aube l'amour qui l'unit à sa mère.
Parfois, la mère est malfaisante, c'est le célèbre roman de Georges Bataille. La figure de la mère est omniprésente dans l'œuvre de Mauriac, voici quelques extraits de Génitrix. Véronique Poulain, dans un texte grandement autobiographique décrit la relation à sa mère sourde.
Mais, il arrive que la solitude pousse la mère au pire, avec tact Véronique Olmi raconte... Justine Lévy et Carole Zalberg nous plongent dans les rapports mère-fille, et lorsque la fille devient mère, c'est le dernier roman de J Lévy : La gaité. Colette a été mère, était-il simple d'être sa fille? Ecoutons cet extrait. Signalons les romans de Marie N'Diaye qui s'articulent autour de figures maternelles dévorantes.

 

La femme et l'amour

Amoureuse, Brigitte Giraud rend avec justesse l'intensité de l'émoi amoureux à l'adolescence, écoutez...
Epouse : en 1937, Madeleine Bourdouxhe publie un court roman La femme de Gilles. « Divorce ou séparation ? », voici le dilemme de La première épouse de Françoise Chandernagor, tandis que la question que se pose Elsa, dans Paradis conjugal de Alice ferney est : Reviendra-t-il ? Gilles Bornais se pose aussi une question : pourquoi ? Cependant que dans le jardin de l'ogre de Leila Slimani, l'époux tente de reconquérir son épouse. Le livre d'Olivier Adam nous plonge dans l'absence de l'épouse subitement disparue, et Laurent Mauvignier nous montre qu'il est difficile d'Apprendre à finir. Yasmina Reza décrit avec causticité des scènes de la vie conjugale dans Heureux les heureux. N'oublions pas le remarquable livre de Eric Reinhard : L'amour et les forêts.
Epouse ou amante, les histoires d'amour finissent mal... En 1934, Marcelle Sauvageot publie son unique livre : Laissez-moi...des pages sublimes. Dans Faire l'amour, J-P Toussaint, nous plonge au cœur d'une rupture sentimentale, c'est aussi de ruptures dont nous parle Catherine Cusset. Dans Le problème avec jane, Annie Ernaux dévoile un fol amour dans Passion simple, et le livre d'Emmanuelle Bernheim Vendredi soir, relate un moment suspendu entre deux vies, cependant que Nina Bouraoui nous révèle un amour de Jeunesse : La vie heureuse. De l'amour au désamour il n'y a qu'un pas...faisons le avec Camille Laurens. Mais, toutes les femmes ne se reconnaissent pas dans ces rôles traditionnels et revendiquent leur liberté : King Kong théorie.

 La femme et le corps

Le corps ou l'enfance saccagée, c'est le thème des livres de Christine Angot : Une semaine de vacanceset Emmanuelle Pagano : Les mains gamines. Corinne Solliers décrit le corps sans faim dans : Le petit corps et Tahar Ben Jelloun nous conte le corps nié dans L'enfant de sable.
Le roman de Martin Winckler : Choeur des femmes nous ouvre les portes d'un centre de gynécologie et Julie Bonnie accompagne la femme durant l'accouchement. Le corps qui change, Brigitte Giraud en parle dans : Avoir un corps et Régine Detambel décrit le corps en restauration : Son corps extrême.Quand le corps lentement se détruit : Le corps incertain de Vanessa Gault, un récit sans concession.
Fabienne Jacob nous conduit dans un salon d'esthétique, où le corps de la femme se dévoile : Corps. Le corps se vit aussi dans une histoire : Peau de femme de Philippe Comar, tandis que Lola Lafon nous propose le corps poussé à l'extrême dans La petite communiste qui ne souriait jamais.
Signalons le corps érotisé, dans Le boucher d'Alina Reyes. Enfin, finissons sur une note légère avec Julie Drouard et son livre :Usage communal du corps féminin.

La femme et le travail

La fin des années soixante, Leslie Kaplan nous donne à voir l'usine avec les yeux et les mots d'une femme : L'excès-l'usine. Nathalie Kuperman lance un cri de colère dans Nous étions des êtres vivants,un texte largement autobiographique, elle montre la souffrance et la porosité entre le monde du travail et l'univers personnel. Nous avons tous encore en mémoire l'univers japonais de : Stupeur et tremblementsd'Amélie Nothomb.
Louise Debrusse développe un autre sujet, dans son livre : L'argent, l'urgence, celui d'accepter un travail en dehors de ses aspirations personnelles, tandis que Delphine de Vigan montre le harcèlement moral au sein de l'entreprise : Les heures souterraines. Gérard Mordillot nous plonge dans la précarité et la solidarité avec Xénia. Il s'agit aussi de « petit boulot » dans le livre, porté à l'écran d'Anna Sam : Tribulations d'une caissière, l'auteur met en avant le manque de respect et la pénibilité du poste de travail. Parfois, c'est un cadre féminin qui est chargée de licencier un employé, écoutons Thierry Beinstingel, pour son livre : Ils désertent.
Nina Léger, quant à elle nous convie dans un huis clos dévastateur au sein d'une bibliothèque : Histoire naturelle et , pour rester dans le monde du livre, citons La cote 400 de Sophie Divry.
Quel plaisir de découvrir un thriller dans lequel, les enquêtrices sont des femmes : Ravages d'Anna Rambach.
Et pour finir une note gustative avec le roman de Valérie Gans : Le chef est une femme.

La femme et la vieillesse

Chouquette est une charmante dame de 60 ans investie dans l'humanitaire, tandis que Lily Petite, personnage d'Amélie Plume, décide de passer ses dernières années dans la joie. Dans La femme coquelicot, Marthe découvre l'amour, et Eliette se croit en sécurité, mais Trop près du bord...
Le temps passe, c'est le thème du roman de Michel Rostain : L'étoile et la vieille, le temps inexorable ride la peau mais l'humour reste : Vieilles peaux d'Anna Rozen. Pascale Gautier traite aussi ce thème :Les vieilles, sur un ton léger. Dans Touche étoile Benoîte Groult parle de l'envie de vivre jusqu'au bout, cette révolte contre la mort annoncée, c'est le récit de : Amazones de Raphaelle Riol. Cette envie nous la retrouvons aussi dans le livre de E. Laureau-Daull : Le syndrome de glissement, mais pour un temps seulement.
Cependant le désir de vivre fait parfois défaut, texte pudique de Marie-Hélène Laffon : Le tablier bleu. Et là, Juste avant, c'est le moment de transmettre... Enfin de nombreux textes relatent la mort, Simone de Beauvoir exprime la difficulté de réaliser la mort qui se profile. Pierrette Fleutiaux se trouve confrontée au miroir de sa propre mort, tandis que Delphine de Vigan nous livre un texte d'une grande sensibilité. Jacques Chessex se dévoile dans un écrit intimiste, Michael Lentz décrit la présence obsédante de sa mère disparue. Nathalie Rheims livre une part douloureuse d'elle même dans Laisser les cendres s'envoler.

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