Rhône / Guadalquivir : portraits croisés

Long de 812 km, le Rhône est un fleuve français né en Suisse. Avec sa vallée creusée entre Alpes et Massif central, il forme une voie de communication importante entre l'Europe du nord et la Méditerranée. Il termine son cours en Camargue et ses deux bras y forment un delta.
Port-Saint-Louis-du-Rhône est la dernière ville de France sur le fleuve. Maintes fois célébré par de nombreux poètes dont le provençal Frédéric Mistral qui le comparait à  un taureau sauvage « furieux, écumant, fonçant dans tous les sens ».Et c'est justement au pays de la tauromachie, en Espagne, qu'un fleuve semblable au Rhône prend sa source, le Guadalquivir. Lui aussi distingué par de nombreux poètes, « L'Oued-el-Kabir », grand fleuve en arabe, est surnommé le roi des fleuves. Long de 657 km, il arrose les villes de Séville et de Cordoue en Andalousie et se jette dans l'océan Atlantique. Depuis toujours aux prises avec les hommes et chargés d'un passé glorieux, ces deux fleuves sont tantôt fatigués de couler, blasés, promenant avec indolence ce qu'ils charrient, tantôt tumultueux, dévorant tout ce qui se trouve sur leur passage. Ce constat nous amène à interroger sur l'impact économique et environnemental de ces deux fleuves sur les populations, ainsi que la façon dont les hommes ont œuvré au fil du temps pour déjouer les contraintes naturelles et développer l'agriculture, l'industrie, le commerce et le tourisme à leurs abords.
Ce dossier tend à répondre à ces questions à travers les différences et les similitudes des fleuves Rhône et Guadalquivir. Partagez avec nous ces portraits croisés pour un voyage numérique à travers le temps et l'espace.

Auteurs : Christiane Pumborios, Audrey Rami
avec la participation de la classe de 4ème A
du collège Maximilien Robespierre de Port-Saint-Louis-du-Rhône
E-mail : christiane.pumborios@ouestprovence.fr
Publication : Juin 2014
Mise à jour : Mai 2017

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DES FLEUVES NOURRICIERS

Agriculture : les deux fleuves ont déposé au fil des siècles, quantités de limon et d'argile dans les zones de plaines favorisant l'agriculture. Ainsi le Rhône traverse des régions agricoles différentes tout au long de son cours dont la Camargue qui est le domaine des grandes exploitations et de l'élevage. Le Guadalquivir coule le long d'une riche région agricole. Sa plaine est exploitée depuis des siècles pour sa fertilité ce qui a contribué à la richesse de Séville. L'agriculture constitue une part très importante de la vie andalouse.

Irrigation : dans la vallée du Rhône, l'irrigation est nécessaire en raison de la sècheresse estivale. Plus on descend vers le midi et plus l'irrigation est développée. Ainsi la plaine de la Crau a pu bénéficier d'un essor économique important. La plaine andalouse nécessite quant à elle, une maîtrise de l'eau plus importante du fait de son climat sec. Le système d'irrigation n'est toujours pas très performant mais il a permis de nouvelles cultures comme la betterave à sucre, le riz et le coton.

Pêche : la pêche sur le Rhône est une activité économique en déclin. D'abord un métier, elle devient de plus en plus un loisir pratiqué par de nombreux amateurs. Les marais du Guadalquivir, jusqu'aux années 1960, étaient exploités pour la pêche à l'esturgeon. Après la disparition de l'espèce, aujourd'hui réintroduite, l'activité est principalement centrée sur la pêche artisanale à la civelle et à la crevette.

NAVIGATION ET COMMERCE

Tourisme : les activités touristiques sur le Rhône ont évolué et se sont diversifiées. On distingue le tourisme bleu sur la voie d'eau et le tourisme vert sur les rives. La croisière fluviale connaît un essor important comme en témoigne l'exemple d'Avignon. Les fêtes du Rhône sont célébrées dans certaines villes (Festival Deltaïques à Port-Saint-Louis-du-Rhône et au Pays d'Arles).
L'activité touristique sur le Guadalquivir se résume essentiellement à des croisières fluviales et des descentes en bateau-mouche. A l'instar du Rhône, des fêtes comme la Velà de Santa Ana sont célébrées sur les rives du fleuve. Côté loisirs, les sports nautiques y sont très développés.

Transport de marchandises : en raison de la forte pente de son lit, la navigation sur le Rhône a toujours été difficile et de nombreux aménagements ont été nécessaires. Le transport des marchandises est assuré par les péniches, pousseurs et barges. Le transport fluvial est d'ailleurs une alternative sérieuse au transport routier et ferroviaire.
Au Moyen-Age, le Guadalquivir était navigable jusqu'à Cordoue. Aujourd'hui, à cause de l'envasement, il n'est navigable en amont, que jusqu'à Séville.

RISQUES ET CONTRAINTES

Historique des crues : l’histoire des crues du Rhône est liée à  l’évolution de sa morphologie et des variations climatiques. Elles ont eu des conséquences désastreuses dans notre région comme le montre l'exemple de Sablons. Contrairement au Rhône, le Guadalquivir est un fleuve beaucoup moins impétueux. Ses crues sont en partie expliquées par la déforestation et la dégradation des sols. La plus  importante a inondé Séville en 1948 et a eu pour conséquence la déviation du lit du fleuve et la création d'une darse.

Endiguement : pour lutter contre les inondations du Rhône, des digues ont été aménagées à partir du XVème siècle.  En Camargue, elles ont été édifiées à partir du XIIème siècle et l'endiguement  y est plus élaboré car les risques d'inondation sont plus forts. Il a été moins important en Andalousie. Afin de gagner des terres pour l'agriculture et l'urbanisme, les marais ont été asséchés par la construction de digues et de systèmes de drainage.

Franchissement : le Rhône a connu plusieurs phases d'aménagements. Les ponts construits sur le fleuve ont toujours été précurseurs dans le domaine de l'ingénierie.
C'est sur un remarquable pont romain que l'on franchit le Guadalquivir à Cordoue. A Séville il faudra attendre le XIXème siècle pour que des ponts soient construits en raison de l'accroissement de la population et du développement des voies de communication.

L'INDUSTRIE ET LE FLEUVE

L'hydroélectricité : la production hydroélectrique  sur le Rhône place la France au premier rang des pays producteurs européens. La vallée du Rhône est “la vallée énergétique de la France”. Le Guadalquivir alimenté par les eaux de pluie et les eaux de la fonte des neiges fournit une eau essentielle pour l'énergie hydroélectrique. Mais la production d'hydroélectricité est beaucoup moins importante que celle de la France.

Les centrales nucléaires : l'industrie nucléaire est très présente dans la région rhôdanienne. On se sert de l'eau du fleuve pour refroidir les centrales thermiques et nucléaires comme en témoigne leur implantation en France. En Espagne les centrales nucléaires ont été construites il y a une quarantaine d'années et leur exploitation est controversée sur la façon d'éliminer les déchets. Huit réacteurs nucléaires sont implantés  mais aucun aux abords du Guadalquivir. En s'orientant désormais vers les énergies renouvelables, le pays assure un tiers de sa demande en électricité.

Industrie chimique et sidérurgique : dans la vallée du Rhône, deux grands pôles Lyon et Fos-Etang-de-Berre-Marseille composent respectivement le secteur industriel chimique, sidérugique et pétrochimique. Les eaux du Rhône sont polluées en grande partie par les industries. Les polluants rejetés tels que les PCB s'accumulent dans les milieux naturels et peuvent être transmis à l'homme. Le Guadalquivir est un point de passage important des hydrocarbures en provenance d'Afrique du Nord qui a entraîné l'aménagement d'un complexe pétrochimique sur la darse de Séville. Cependant, comme le Rhône, l'eau du fleuve a une forte concentration en polluants.

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